lundi 11 août 2014

Adieu Hao

Depuis le petit avion d'Air Tahiti, je fais des adieux silencieux à l'Atoll de Hao. En bas, le Heiva bat son plein, les baraques ont été installées le long des quais. J'y ai passé les dernières soirées avec les collègues avant que chacun d'entre eux ne s'envolent pour les vacances. Partout des grandes feuilles vertes tressées, des tissus aux couleurs éclatantes. Chaque soir, des festivités, des chants, des danses, des concours. Hao est en fête et moi je me tiens à l'écart. Le reste de ma petite famille est déjà repartie vers la métropole. Les garçons ne reviendront pas en Polynésie, ils ont besoin de retrouver leurs repères, leurs amis, leur vie d'adolescents qui commence. Soit. Tout est organisé pour que leur retour dans les montagnes se déroule dans de bonnes conditions. 
Mes pensées vont et viennent entre cette expérience unique déjà passée et ce futur encore incertain. En deux semaines à peine la maison s'est vidée, une caisse, plus petite a été expédiée, notre futur logement réservé. Nouveau départ, à peine une année écoulée et les valises sont à nouveau bouclées. 
Mais avant, il y a le voyage retour, les retrouvailles tant attendues. Alors, en regardant défiler les atolls aux rivages turquoises sous les nuages, je souris. Bien sur, il y a eu toutes ces épreuves traversées, dont je n'ai pas parlé ici, et dont je ne parlerai pas par discrétion. Des difficultés, des responsabilités impossibles à assumer qui m'ont amenée à prendre cette lourde décision. Je m'en vais, et je ne reviens pas. Décision qui me laisse un goût amer, celui de n'avoir pas pu faire plus pour ceux qui restent et qui méritent tant. Je souhaite que l'avenir leur soit clément. Heureusement, le contact établi avec ceux qui ont comptés le plus va se maintenir. Encore une fois, je pars riche de nouvelles expériences, de nouveaux souvenirs, et surtout de nouveaux sourires. C'est pour ça que je continue à partir vers des terres inconnues, pour les rencontres. 
Partir, pour mieux revenir, pour lire dans vos yeux  le plaisir de se retrouver. Pour reprendre le chemin là où on l'a laissé, mais avec quelque de chose de plus fort. Savoir que malgré la distance, malgré le temps, les amours et les amitiés restent intactes, grandissent et se fortifient.
Dans quelques semaines, je serai à nouveau dans un avion, moi qui en avait la phobie il y a longtemps, je penserai à tous ceux que je laisse derrière moi, en espérant ne pas leur faire trop de peine et qu'ils comprendront ce besoin de bouger. Un long voyage vers un bout du monde un peu moins inconnu et que je ne manquerai pas de partager avec vous qui passez par ici. 
Merci.


lundi 28 avril 2014

Weekends

Encore un bon weekend, un samedi soir improvisé autour d'une table bien garnie et un dimanche au bord du lagon juste pour le plaisir de l'eau, de l'air et du soleil. Bien sur le cadre est idyllique, paradisiaque, bien sur la carte postale dans laquelle je vis m'émerveille chaque jour mais comme l'écrit Alex Supertramp dans Into the Wild, "le bonheur n'est réel que s'il est partagé".
Il y a eu les premières rencontres organisées par l'association. Un accueil en septembre pour les nouveaux arrivés, une sortie palmes/masques/ tuba.. pour  plonger près des requins dès le début, une soirée Halloween où sous les déguisements on s'exprime plus facilement  et plus tard les tournois de tarot et de pétanque le weekend. 
Forcément, au gré de ses journées  on se découvre des affinités. Alors, il y a les premières invitations, un anniversaire, des amis de passage qu'il faut présenter, un repas à partager. Au bout d'un moment, sans vraiment s'en rendre compte, chaque weekend est une occasion de se retrouver.
Nous sommes là pour peu de temps, deux ans, quatre pour certains. Nous vivons la même situation, loin de nos familles, loin de nos amis fidèles. Nos vie ici sont différentes, nos relations aussi, forcément. Comme un besoin de faire tomber plus rapidement les barrières, pour aller directement à l’essentiel. Peut être pour retrouver le goût du bonheur quitté, partager, avec des gens qu'on apprécie des moments de douceur, des moments de folie, des moments de vie tout simplement.
J'avais décidé avant même de poser le pied sur l'atoll que ma position professionnelle ne devait pas être une entrave aux "relations sociales". Sachant d'avance que si je gardais constamment mes habits de bureau,  je regarderais de loin les autres vivre. C'est un choix réfléchi, qui demande une intégrité à toute épreuve. Je sais qu'il se joue des scènes auxquelles je n'assiste pas, j'en ai parfois les inévitables échos. Mais je passe outre, je regarde par dessus, je survole les commérages et je reste droite dans mes bottes, avec l'esprit libéré.
Parce que où que je sois, quoi que je fasse, j'aime par dessus tout la rencontre avec l'autre. La vraie, celle qui se développe dans la confiance, sans artifice ou si peu. Celle qui me donne encore envie d'avoir foi dans les humains. Parce que partout  où je suis passé, le bonheur se résumait souvent à partager avec les gens qu'on aime et qu'on apprend à aimer les choses simples qui nourrissent le corps et l'esprit.












mercredi 9 avril 2014

Surf in Tahiti


Nous voilà de retour sur Tahiti pour les dernières vacances de l'année avant l'été. Pour des raisons diverses, à part pour les premières à Moorea, nous sommes retourner là-bas à chaque fois. La ville nous manque sans doute. Vivre dans un atoll isolé demande une grande capacité d'adaptation que je n'ai pas encore. C'est bien beau la décroissance mais difficile de résister à l'envie d'un ciné, de shopping, de restau. A vivre au milieu d'une nature exubérante, bordée d'un lagon bleu vert et de l'océan, on est peut être moins tenté de découvrir les autres îles.
Il y avait aussi une autre raison. Pour les dernières vacances polynésiennes des garçons, je voulais qu'ils ramènent un souvenir unique. Maintenant, ils pourront dire "J'ai surfé à Tahiti"! C'est l'île la plus adaptée pour une initiation. Expérience qui ne les fera pas regretter leur décision de rentrer en métropole en fin d'année mais qui viendra s'ajouter aux choses exceptionnelles qu'ils auront vécu ici.

Après quelques recherches, j'ai trouvé un "fare" sur internet. Situé sur la côte est de l'île, à Arue dans la baie de Matavai. Un joli bungalow tout blanc, posé sur une étendu d'herbe verte, au milieu des cocotiers avec une grande terrasse abritée. La propriété domine la belle plage de sable noir de la baie au bout de laquelle trône le Radisson Plaza où nous avons séjourné plusieurs fois.








De l'autre côté, devant l'entrée se tient un magnifique arbre à pain qui donne le "uru", fruit de l'arbre à pain que le Capitaine William Blight avait pour mission de ramener à bord de la Bounty. J'ai revu le film avec Mel Gibson récemment et vivre ici me l'a fait découvrir sous un autre angle.



 A propos de la découverte de la Polynésie et surtout du mythe du paradis, j'ai entamé la lecture de "Tahiti 1768. Jeunes filles en pleurs" de Serge Tcherkézoff. C'est un ouvrage passionnant qui montre à quel point la réputation de l'île et de ses filles en particulier a été construite par le regard des hommes européens de l'époque et sur une immense méprise.

http://jacbayle.perso.neuf.fr/livres/Tcherkezoff.html

Dès le lendemain de notre arrivée rendez-vous était fixé à 8h30 avec Michel Demont, le professeur de surf. Belle rencontre avec ce champion d'Europe au beau palmarès qui entraine maintenant l'équipe tahitienne des 16-18 ans et dirige l'école TAMA HE'E. Un homme chaleureux et souriant qui appelle l'océan son "bureau"! Toute la semaine, nous verrons nos garçons progresser au milieu des vagues. Le spot où ils évoluent est à quelques minutes, dans une autre baie dominée par la route principale d'où l'on regarde des dizaines de surfeurs qui attendent leur vague. Ils se sont fait plaisir nos garçons et ont bien mérité leur diplôme.

 















Un après midi après la session de surf, nous nous sommes arrêtés au belvédère qui surplombe la baie. C'est un petit jardin publique fleuri d'où la vue est magnifique.


La propriété au bout de la plage







Le weekend avant le départ se tenait à l’hôtel Radisson  la "Polynesia Tatau Convention" , le salon du tatouage, avec des dizaines d'artistes qui tatouaient sur place. Des tatoueurs de Polynésie et du reste du monde. Le plus impressionnant reste le tatouage traditionnel. Les tatouages Polynésiens sont vraiment beaux et moi qui n'ai jamais apprécié l'idée d'en porter à cause du côté indélébile, je me dis que peut être, quelque chose de discret qui marquerait mon passage dans ce beau pays.





Nous avons repris l'avion à 6h30 hier matin, non sans avoir salué un copain de plage et en emportant avec nous encore de belles images que j'aime à partager.

Na na!



mercredi 26 février 2014

Happy, we are from Tahiti

Suivant le mouvement en vogue sur le net en ce moment en réponse à la vidéo de 24h de Pharell Williams, les Tahitiens entrent à leur tour dans la danse...


lundi 17 février 2014

Motu [motu]

Le bateau file sur les eaux bleu profond du lagon. En quelques minutes les vagues se forment et commencent à soulever l'avant de plus en plus fort. Assisse sur la petite plateforme, je ne peux m'empêcher d'être soulevée puis de retomber sèchement. Je me cramponne, incapable d'anticiper la prochaine secousse. Si je porte mon regard vers le lagon, des trombes d'eau m’éclaboussent, m’empêchant d'ouvrir les yeux. Au bout de quelques minutes, les vêtements que j'ai gardé pour me protéger du soleil sont détrempés. Pourtant, je suis bien. Comment pourrait il en être autrement? je m'apprête à passer deux jours sur un de ces îlots de la ceinture corallienne de l'atoll où nous nous sommes posés il y a maintenant plus de six mois. un motu, langue de terre blanche, fragile barrière entre l'océan sombre qui gronde constamment et le lagon aux nuances turquoises. Bordé d'une plage de sable et de corail et surmonté d'un enchevêtrement de cocotiers et d'autres arbres sur lesquels nichent une multitude d'oiseaux marins.

Bien sur il y a un peu d'appréhension mais la présence des autres me rassure. Installés sur l'atoll depuis plusieurs années, ils perpétuent la tradition de faire découvrir aux nouveaux arrivés ses beautés cachées. La veille, les bagages étaient prêts, non sans avoir été ouverts à plusieurs reprises. Faut il emmener cela, en aura t-on besoin? Je ne veux pas qu'on imagine que je suis incapable de vivre sans le luxueux surplus de notre quotidien. Alors j'emporte le minimum, une tenue, un paréo, mon matériel de plongée. Et de la nourriture. Parce que je ne suis pas encore prête à ne me nourrir que de ce que la nature nous offre. Parce que mon palais est encore gourmand des produits trop riches de ma vie d'avant, trop bien gâté par la diversité qui caractérise le régime des citadins de métropole. C'est ainsi que se retrouvent dans la glacière des cuisses de poulets et des saucisses industrielles, des pains au lait et des biscuits habitués des rayons des supermarchés. 

Entre deux vagues, j'observe la course de nos trois bateaux qui se pourchassent vers l'horizon. Au loin, on devine déjà des touffes d'arbres qui se découpent sur le ciel. On approche, on se concerte avec grand signes des bras pour indiquer la bonne direction, on se suit, on se sépare, chacun connait sa route, on hésite sur la destination. Je me laisse porter, confiante, bien incapable de décider de quoi que ce soit dans ce domaine. tant mieux, c'est comme ça que j'envisage les vacances. Enfin, un des motus est pointé du doigt. Les bateaux ralentissent, la tension monte alors que les capitaines manœuvrent pour éviter les patates de corail qui affleurent à la surface de l'eau. Vite, il faut ensuite sauter, le niveau de l'eau ne permet plus de continuer à avancer. J'ai de l'eau jusqu'à la taille, mon short pèse trop lourd, les sandales ouvertes que je porte ne son pas adaptées, j'aurais du mettre mes chaussures d'eau. Je suis lente. Bonne dernière tandis que les autres avancent en poussant les bateaux, je me sens inutile. Je chasse ces pensées et me délecte de la beauté environnante. Soudain, la voix haut perchée d'un de mes compagnons me sort de ma rêverie: "Fred, requin!". Je me retourne, il est là, à une centaines de pas, il vient droit sur moi, tranquillement. Bien trop gros à mon goût. Alors, malgré mon short, mes sandales, et tout le reste, j'accélère et je fais ce geste appris il y a quelques jours seulement, je frappe l'eau du plat des mains. Je ne peux m'empêcher de retenir un "J'ai peur!", comme une plaisanterie mais c'est juste la vérité. Je frappe l'eau et le requin change de cap. Soulagement. Ils ont beau me répéter qu'ici il n'y a pas de risques, que les seuls accidents se comptent sur les doigts de la main et n'arrivent qu'aux pêcheurs, la peur du requin ne me quitte pas. D'ailleurs, je ne veux pas qu'elle me quitte.

Les ancres sont jetées mais le motu choisi est en fait peuplé d'oiseaux, beaucoup d'oiseaux, trop d'oiseaux. Un petit groupe part en éclaireur à pied vers le motu voisin qu'ils semblent connaitre. En attendant leur retour, je fais le tour de ce minuscule bout de terre en forme de galette. Dans les arbres nichent des gros oiseaux qui nous observent autant que l'inverse, ce sont des "fous aux pieds rouges", dont je vois surtout le bec bleu ciel. J'apprends que les habitants d'ici les attrapent, par le bec puis les fourre dans un sac. Il parait que rôti, c'est délicieux.

Au dessus des arbres, tourne le ballet incessant des frégates et des sternes.  En quelques minutes je suis revenue à mon point de départ. Au loin, on nous fait signe. Il faut rejoindre le motu voisin. Retour dans l'eau, il faut tirer les bateaux. Très vite, on aperçoit un puis deux ailerons. Ils sont petits, ce sont des pointes noires, il y en a partout et sont innofensifs. Normalement. Mais je sais qu'ils sont aussi curieux, et qu'ils n'hésitent pas à s'approcher pour venir te renifler, et que leurs petites dents sont bien acérées. Je panique alors que l'eau est plus profonde. Mon homme est là, près de moi, il me guide, me raisonne. Je le suis. Enfin, nous atteignons la terre. Je respire.

Le motu choisi est "aménagé". Les personnes qui y ont séjourné ont installé un abri de fortune sous lequel ils ont placé une table en bois et des bancs. C'est le confort absolu. Les enfants ont aidé une amie à nettoyer la plage des plus gros cailloux, nous y installeront les tentes le soir venu. Rapidement, les bateaux sont déchargés. Je peux enfin quitter mon short et ma chemise que je mets à sécher. Maillot et paréo seront ma tenue pour deux jours. La vie s'organise, chacun vide sa glacière et on commence un feu. Le premier repas est partagé. Les enfants s'amusent à faire griller les saucisses enfilées sur des bâtons. Ils vont passer leur temps d'un bout à l'autre du motu, petits Robinson épris de liberté. A jouer dans le courant qui les ramènent vers le rivage, à dresser des mâts de fortune dans le sable pour disent ils pouvoir repérer plus facilement le motu la prochaine fois. les cheveux emmêlés par les embruns, la peau rougie par le soleil. Ils s'adaptent avec une belle facilité.


Dans l'après-midi, chacun s'occupe à ce qu'il préfère. Un petit groupe part à la chasse sous marine, ils reviendront avec le poisson du soir, perroquets bleus,"tonu" (loche) rouges, "kito" (mérou), chirurgiens, becs de canne. D'autres ramassent des bénitiers. Oui, ces superbes coquillages aux lèvres charnues aux couleurs éclatantes accrochés aux récifs se mangent. Crus, les pieds dans l'eau comme certains dégustent des huitres, ou cuisinés au curry. Pas pour moi, moi je vois les couleurs des poissons, des coquillages et des oiseaux, je les admirent pendant que d'autres y voient de la nourriture. Questions de culture. 
Le seul Puamotu de la bande s'affaire, il ramasse les cocos, éventre l'écorce à l'aide d'un pieux de bois, les fends en deux au coupe-coupe. Il me montre l'intérieur spongieux d'une coco germée. Je goûte, c'est doux et sucré. La noix de coco passe de main en main. Chaque demie coco est rapée à l'aide d'un outil spécialement conçu, la chair est récupérée dans un récipient avant dêtre pressée dans un torchon d'où sortira le lait sucré.


Je pars rejoindre les enfants qui s'amusent dans le hoa, bras de mer qui relie l'océan au lagon. Ils sont au loin, près de l'océan. Il me faudra du temps pour y arriver, le sol du platier est un amas de concrétions aiguisées, décor quasi lunaire de couleur sombre sur lequel les pieds dérapent facilement. ll fait chaud, vraiment. Une fois à leur hauteur, ils me montrent comment ils glissent en se jetant dans le courant. Encore une fois, je ne suis pas chaussée correctement alors je me trempe juste au bord, dans une petite piscine naturelle creusée par l'érosion. L'eau est chaude mais me rafraîchit. le retour jusqu'au campement me prendra du temps, mais j'en ai à revendre. Enfin, arrivée, je vais me baigner dans une eau translucide. Bien sur, je guette les éventuels requins. Il y a quelques pointes noires un peu plus loin, et un tout petit, vingt centimètres tout au plus, sur le bord. 
Retour de pêche,  tout le monde s'assoie dans l'eau pour nettoyer le poisson. On ouvre leur ventre et les entrailles sont jetées au lagon. En quelques minutes, une demie douzaines de pointes noires de toutes tailles arrivent, attirés par l'odeur. On en comptera jusqu'à seize. Étrange sentiment d'admiration et de crainte. L'eau et tellement claire, on pourrait les toucher.

La lumière baisse, c'est la fin de l'après-midi. Nous n'aurons pas droit au coucher de soleil, il y a des nuages sur l'horizon. Il es temps de préparer la nuit. Les tentes se montent le long de notre petite plage puis nous nous regroupons autour de la table. Le poisson grille sur le feu, la bière et le rhum sortent des glacières. Notre soirée commence. Plus tard, nous iront admirer une lune sublime qui monte doucement par delà les nuages. Elle est pleine, soleil de nuit qui éclaire le le corail. Plus tard encore, une expédition est lancée pour aller chasser la langouste sur le platier. Pas pour moi, je suis exténuée de cette journée bien chargée. Avant de me coucher, je m'assoie au bord de l'eau, les requins sont encore là à tourner, magiques.

C'est la chaleur qui me réveille après une nuit agitée. Quelques gouttes de pluie et surtout un grand coup de vent qui retourne au milieu de la nuit la tente d'un de nos compagnons. Il est encore tôt mais d'autres sont déjà levés, le café est chaud. Le ciel est un peu plus couvert que la veille, signe qu'il faudra reprendre la route pas trop tard pour éviter le grain. Le temps s'écoule lentement. Ce matin, j'aide à préparer le pain coco. La chair de la coco germée est broyée. On y ajoute du sucre et de farine puis on laisse reposer. Ensuite, on forme des galettes qu'on glisse entre deux feuilles de kahaia qui sont déposées sur le feu. Je les mangerai en accompagnement d'une salade à la mangue. De temps en temps, quand il fait trop chaud, je descend dans l'eau fraiche du lagon. On s'occupe, des hommes bricolent un moteur de bateau, les enfants sont encore partis en expédition, il y aura aussi des jeux de cartes et des balades. Un rideau de pluie passe, on l'entend arriver au loin, on le suit des yeux puis il disparait.

L'heure du retour est là, même scénario à l'envers, charger le bateau, le pousser jusqu'à ce qu'il y ait assez d'eau pour lancer le moteur et grimper à bord. Les vagues sont plus douces qu'à l'aller mais nous traversons tout de même un grain qui nous trempe. Je tends la main par dessus bord, ici l'eau de l'océan est chaude. Je me laisse porter dans le bruit du moteur. Retour sur la terre ferme, le bateau est extrait de l'eau par le 4x4, déchargé, rincé, rangé. On partage une dernière Hinano avant de retrouver la maison, la tête emplie de belles images.